À la découverte du groupe Isotope
- Danaé Bourassa

- Oct 29
- 3 min read
Par Danaé Bourassa
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Cet été, profitant de vacances bien méritées, celle qui se fait chroniqueuse culturelle pour cette édition du Polyvanois a fait la découverte d’un groupe 100% québécois qui, selon elle, mérite beaucoup plus d’attention. Si vous êtes à la recherche d’un petit groupe « indie » de rap québécois, alors vous êtes au bon endroit ! En passant de chansons « dance », à des explorations de rock ou encore à des accalmies de jazz, Isotope vous fera découvrir la beauté du hip-hop québécois nouvelle génération.
Isotope, c’est un collectif originaire de Hull tout autant talentueux que créatif. Composé des producteurs Lb66 et Raf (aka Alfaro), qui est aussi à la guitare et à la basse, et des rappeurs Max Malaxe et d’homme (son nom d’artiste ne prend pas de majuscule et est un jeu de mot avec son prénom Dominique), le quatuor est totalement auto-produit. Rencontrés au secondaire, les membres enregistrent de la musique dans le sous-sol de Raf dès octobre 2020 et produisent le single Russian Dream qui sera rapidement suivi de 4 gars dans une cave, deux mois plus tard. En date du 12 octobre, vingt-cinq chansons ont été enregistrées.

Maîtrisant à la perfection l’art du franglais, Isotope ne cesse d’explorer tous les genres possibles et imaginables. Prenons par exemple l’album Cuisine moléculaire. Les chansons Sous-sol et Portes flirtent avec le slam sur un fond de basse magnifiquement jouée par Raf, alors que Volcan est une pièce pleine d’énergie rock. D’un autre côté, Hier soir et
Dualité (qui porte bien son nom car la chanson est divisée en deux : la première présente plus d’agressivité dans le flow et la deuxième est plus posée) présentent une trame de fond dance avec un flow rap bien pensé. De plus, il est très intéressant de s’arrêter afin d’en contempler la beauté et l'ingéniosité qui en découle. Toujours dans Cuisine moléculaire, la chanson Adonis parle avec sensibilité et brio de la fragilité humaine.
Humanité maladive, rien pour la soigner [...]
On est tanné, on meurt mais on kill it [...]
J'connais mon sort, [...]
J'vais pleurer la mort dans les bras d'Aphrodite [...]
J'ai versé du sang puis des larmes et d'la sueur pour une fleur
Si j'ai perdu mon temps, ma seule arme sont les pleurs de mon cœur de mortel.
Pour un être immortel
Ultimement, la meilleure parution du groupe est, selon votre chroniqueuse préférée, À la vie, à la mort - EP qui nous fait voyager dans le monde flou entre la vie et la mort. Tout débute avec À la vie qui nous introduit à l'album avec douceur, tel un rêve fiévreux. Le slam crée des liens entre les titres des chansons et la thématique omniprésente qu’est la mort. Nous commençons ainsi notre épopée. Suivis par Sablier (feat. Jardin), nous sommes confrontés à la perte de repères d’une personne qui ne sait plus l’heure et qui veut vivre de sa musique dans un monde où tout tourne autour de l’argent. Le personnage fait face à la fin du monde. Nous sommes enveloppés par la basse de Raf et par la voix chaleureuse de Jardin.

Dans Machine, nous rencontrons un personnage en détresse qui se sent pris au piège par les attentes des autres. Il est bloqué par sa peur de la mort et par le regard cruel de la société. Sa mentalité peut être résumée par ces vers :
« Je veux pas que tu m'entendes, je veux que tu m'écoutes » et «Dans l’excellence j’suis pris au piège / Réduit au silence les gens parlent » . De plus, il est tout aussi en pertes de repères; il ne sait pas s’il voit bel et bien deux mystères ou s’il les hallucine.
Nous continuons notre voyage en entrant dans le monde distordu de Tunnel. Probablement une référence au fameux tunnel qu’on voit avant de mourir, cette chanson au rythme rapide semble avoir peur de manquer de temps. Le personnage semble pris d’anxiété de performance et est déterminé à rendre connue sa musique. Nous quittons la basse de Raf pour aller vers une musique aux sonorités plus trap. Nous nous posons une autre fois avec Dune (ma préférée) dans une atmosphère autant agitée (restless en anglais) qu’hypnotisante. À la quête d'authenticité, le personnage se résigne finalement en nous rappelant que « Tout le monde meurt, yeah c’est la vie ». Que ce soit par le contrôle de leur respiration ou par leur diction précise et rythmée, ou par leurs rimes bien pensées, les voix puissantes de d’homme et Max Malaxe ne cessent d'impressionner. Nous quittons l’album avec À la mort, outro dépressive qui nous rappelle la morosité de la mortalité. Ces sonorités creepy concluent parfaitement cette œuvre profonde.
Bonne écoute!




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